(RMSM) Roger Le Neurès, le fidèle du Général

 

 


ROGER LE NEURES
(à gauche sur une AM 8)

 


Engagé dans les Forces françaises libres du général de Gaulle, 
le Spinalien Roger le Neurès a débarqué sur les plages de Normandie en 1944 avant de libérer les Vosges.

 

Histoire d’une fantastique épopée

Extrait de “La Libération des Vosges” – Les cahiers de la liberté de l’Est – 2004

 

JUIN 1940, Roger Le Neurès a dix-sept ans quand la France capitule devant l’ennemi, l’adolescent est choqué. Il n’admet ni la défaite, ni l’occupation. Qu’importe, il portera croix de Lorraine, chère à de Gaulle. Ce sera sa manière d’afficher sa résistance. Car Roger Le Neurès n’est pas de ceux qui acceptent, sans mot dire, l’inacceptable. L’apprenti tôlier veut résister.

Aussi, il lui faut recevoir un ordre de réquisition pour le travail obligatoire en 1942 pour qu’il se décide à transformer ses volontés en action. Roger Le Neurès quitte tout, famille et travail, avec une seule idée en tête : gagner sa liberté.
Petit passage en zone libre avant de traverser l’a Méditerranée.
Là, il s’engage dans un régiment de tirailleurs de l’armée d’armistice.
Le Vosgien gaulliste se retrouve sous les ordres d’officiers pétainistes. Le pari est osé. Mais la chance sourit toujours aux audacieux.
Le mois suivant, les Américains débarquent Afrique du Nord.
Par la force des choses, les soldats français rejoignent le camp allié.
Roger Le Neurès est envoyé sur le front algéro-tunisen pour faire barrage à Rommel et son Afrika korps.
“J’ai fêté mes 20 ans au fond d’un trou, dans la neige, au col de Kasserine”, se souvient le Vosgien.

En mai 1943, il profite d’une permission pour déserter cette armée passée dans le camp des Alliés, plus par obligation que par conviction. Il se présente à Alger où il prend contact avec le mouvement gaulliste Combat. Il part à Constantine, des gardes mobiles ceinturent entrée de son lieu de rendez-vous. La chance le rattrape au vol. Dans un parc de la ville, il rencontre un groupe de légionnaires. Ils vont lui ouvrir la voie vers les armées de De Gaulle. Le lendemain il a troqué sa chéchia contre un uniforme anglais et rejoint aussitôt le général Leclerc près de Tripoli, au terme d’un voyage semé d’embûches.
Nous sommes en juin 1943. Roger Le Neurès a atteint son premier objectif: répondre à l’appel de Londres. Il signe un engagement “pour la durée de la guerre”.
Deux mois plus tard, le régiment de spahis qu’il a intégré fait dorénavant partie de la 2e DB.
Le jeune Vosgien est tireur d’automitrailleuse.
Durant de longs mois, il s’entraîne et se forme au combat. Le 20 mai 1944, il embarque à Oran pour l’Angleterre. “Nous avons été 11 jours en mer. Il fallait passer au large pour éviter les bombardiers allemands”, se souvient l’intéressé.
Le 3 août, il débarque sur les plages de Normandie à Utah Beach, “les jambes molles, pressé d’en découdre”.
“Nos premiers combats ont eu lieu à Mortain et c’est à Alençon que j’ai fait mon premier prisonnier. C’était un aviateur. On ne savait pas quoi en faire. Alors on l’a fait asseoir sur le devant d’un char”, raconte Roger Le Neurès. Dans l’Orne, les combats sont âpres. L’ennemi résiste. La 2e DB est prise dans plusieurs embuscades. Roger Le Neurès voit partir ses premiers compagnons d’armes.
“J’étais dans une unité de reconnaissance. Mon rôle était de prendre contact avec l’ennemi. On rentrait dans les villages pour voir si les Allemands étaient présents. Les informations que nous ramenions servaient pour le reste de la colonne, pour nettoyer les poches de résistance”, explique-t-il.
Autant dire que le bonhomme a essuyé plus d’un tir d’obus, plus d’une rafale de mitraillette. Dans Paris, il s’est même retrouvé sous les bombardements qui ont détruit les Magasins Généraux. Mais à chaque fois, la chance a été la plus forte, repoussant cette mort qui rôdait partout.
Dans les Vosges, Roger Le Neurès a contribué à la libération de nombreux villages. Il est passé à Vathiménil d’où il était parti deux ans et demi plus tôt. Il a retrouvé le copain avec qui il avait pris un dernier repas avant de passer en zone libre. “Ensuite, je suis allé sonner les cloches pour annoncer la libération du village”, raconte-t-il. Mais tout n’a pas toujours été rose.
“C’était la guerre avec son flot d’horreur. Je me souviens qu’à Hadigny-les-Verrières, nous sommes tombés dans une embuscade. Il y avait des Allemands au carrefour. Ils avaient un drapeau blanc à la main. Quand on s’est arrêtés, ils se sont mis à nous tirer dessus. Ils étaient vingt. On les a tous délogés et pas un n’en est sorti vivant”, raconte l’ancien combattant.
Aussi, à force de passer entre les balles, Roger Le Neurès a fini par se faire rattraper par un éclat d’obus. “C’était le 3 octobre. Nous étions encerclés à Glonville près de Baccarat. Les Allemands pilonnaient nos positions depuis trois semaines. J’ai pris un éclat d’obus dans le pied”, raconte-t-il.

Soigné “à l’arrière”, Roger Le Neurès retrouve son unité un peu après. Le jour de la Saint-Nicolas, il est à Sélestat. Cette fois, c’est un éclat de mortier qui le frappe en plein visage. Evacué par une ambulance américaine, il est opéré à l’hôpital de Saint-Dié. Aujourd’hui encore, il a gardé les stigmates de cette blessure : des cicatrices, mais aussi un petit morceau de plomb dans le lobe de l’oreille. En convalescence au Val-de-Grâce, puis à Épinal, il est renvoyé au combat une fois sur pied. Direction La Rochelle, puis Lorient où résistent encore quelques troupes de l’armée régulière allemande. Cette mission achevée, il retrouve le reste des troupes de Leclerc à Karlsruhe.

Nous sommes en mai 1945, la fin de la guerre approche.
À Munich, Roger Le Neurès pose définitivement les armes avec la satisfaction du devoir accompli et animé de cette fidélité jamais démentie pour le général de Gaulle.

 

 

 

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