LE GÉNÉRAL LECLERC DE HAUTECLOCQUE
Maréchal de France
1902-1947
Philippe de Hauteclocque, né en Picardie, adolescent lors de la Première Guerre Mondiale, en connait les misères et les deuils et aussi les joies de la Victoire de 1918. Avant ses vingt ans, il décide de consacrer sa vie à son pays en choisissant la carrière des armes.
Saint-Cyrien de 1922 à 1924, il est capitaine lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclate et subit le déferlement des “Panzers”. Deux fois prisonnier, il s’évade les deux fois et, en juillet 1940, alors que les armées nazies occupent la France après l’Armistice, il rejoint le Général de Gaulle à Londres en prenant “LECLERC” comme nom de guerre.
En 1945, il obtiendra que ce nom soit ajouté à son patronyme, afin que, dans l’avenir, lui et ses descendants s’appellent “LECLERC DE HAUTECLOCQUE”.
Dès août 1940, le colonel LECLERC rallie à la “France Libre” les colonies d’Afrique Équatoriale Française, lui donnant ainsi un territoire et une force militaire.
Recevant le commandement du Tchad en décembre, il porte aussitôt ses efforts vers la Lybie italienne.
Le 1er mars 1941, avec 400 hommes montés sur 60 véhicules et après une chevauchée de plus de 1500 kilomètres dans le désert, LECLERC s’empare de l’oasis de KOUFRA, symbole de la puissance italienne en Afrique. Le lendemain il fait jurer à ses compagnons “de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg”. C’est le Serment de KOUFRA. Le Général de Gaulle le fait Compagnon de la Libération et le nomme général.
L’année 1942, tournant de la guerre où les forces de l’axe Rome-Berlin commencent à essuyer des revers, est employée par le général LECLERC à reconnaître et conquérir le Fezzan, la partie occidentale de la Lybie. Après le débarquement allié au Maroc et en Algérie, la “Colonne LECLERC” fait jonction en janvier 1943 à Tripoli avec la Ville Armée Britannique du général Montgomery sortie d’Egypte.
Participant à l’éviction des Allemands et des Italiens de Tunisie, la colonne devenue la “Force L” puis la 2e Division Française Libre arrive à Tunis le 8 mai 1943.
Au cours de toutes ces campagnes, LECLERC vit auprès de ses hommes couchant comme eux à même le sol, s’inquiétant à chaque instant de leur moral et de leur ravitaillement. Sa foi en la victoire finale, son sens du terrain et de la manœuvre, son omniprésence, l’ont fait adopter d’emblée par ses hommes qui lui apportent adhésion et dévouement sans faille.
Quand il reçoit, à l’été 1943, la mission de transformer la 2e Division Française Libre en 2e Division Blindée, le Général LECLERC regroupe, à Témara sur la côte atlantique du Maroc, au fur et à mesure de leur arrivée, tous les éléments qui lui sont affectés: le noyau des Français Libres qui sont avec lui depuis près de trois ans, des unités déjà constituées de l’armée d’Afrique du Nord, des engagés et des appelés locaux, des Corses récemment libérés et les jeunes français évadés de France en passant par les Pyrénées et les geôles espagnoles. Il surmonte tous les problèmes, en particulier psychologiques, de la mise sur pied de cette grande unité en faisant apparaître, une fois de plus, son sens de l’humain et sa faculté innée de rassembler vers un but commun, des hommes d’origines et d’opinions très diverses. Le Général LECLERC veut faire partager cette idée qui l’obsède : l’union de tous les français est gage de succès.
Débarquée en Normandie en août 1944 en venant d’Angleterre, la 2e Division Blindée va participer, au sein de la Ill° Armée U.S. du général Patton, à la libération du territoire national. Elle est tellement marquée par la personnalité de son chef que très vite, elle est, pour les populations et les journalistes, la “Division LECLERC”, voire même l'”Armée LECLERC”.
Les étapes de la 2e D.B. se succèdent dans une charge fantastique. Alençon est libérée le 12 août et l’entrée de vive force dans Paris le 25 août, au milieu de la foule en liesse des Parisiens et des forces françaises de l’intérieur, les F.F.I., qui participent aux combats, permet au général de Gaulle de se faire acclamer en descendant les Champs Elysées.
Repartant vers l’Est, les hommes de LECLERC libèrent Vittel, anéantissent une Panzer brigade à Dompaire les 12 et 13 septembre et libèrent Baccarat le 31 octobre.
Ils traversent les Vosges, âprement défendues et le 23 novembre 1944, Strasbourg est libérée.
Ils ont tenu le “Serment de Koufra”.
Après de durs combats dans le Sud de l’Alsace, pendant plus de deux mois d’un hiver particulièrement rigoureux, la 2e D.B. participe, au sein de la 1 e Armée Française, à la libération de Colmar le 6 février 1945. Il n’y a plus d’Allemands en armes sur le sol français, à l’exception des poches de l’Atlantique où des éléments de la 2e D.B. vont libérer Royan en avril 1945.
Impatient d’entrer en Allemagne, le Général LECLERC réussit à engager sa division en Bavière et s’empare de Berchtesgaden, le haut-lieu des nazis, trois jours avant la capitulation allemande.
En 1945, Leclerc, nommé Général de Corps d’Armée est élevé à la plus haute dignité de la Légion d’Honneur (Grand Croix), reçoit le commandement du Corps Expéditionnaire Français en Extrême Orient, le C.E.F.E.O., dans les rangs duquel se sont engagés plusieurs milliers d’hommes de la 2e D.B. pour suivre leur général.
Dirigé vers l’Indochine, où près de 40 000 français subissent les avanies et les exactions des Japonais occupant le territoire, le Corps Expéditionnaire va en quelques mois restaurer la présence française. Auparavant le 2 septembre 1945, le Général LECLERC avait signé au nom de la France, la capitulation japonaise, en baie de Tokyo. aux côtés du Général américain Mac Arthur.
D’octobre 1945 à juillet 1946, Leclerc faisant montre d’un sens politique en avance sur son temps, préconise une solution pacifique au conflit franco-vietnamien. Malheureusement incompris, il est rappelé en France.
Et c’est en Afrique du Nord, pendant plus d’un an que le Général LECLERC va mettre une fois de plus ses talents au service de la France en tant qu’inspecteur des Forces Armées. Qu’il s’adresse à des militaires, par exemple, en fin de manoeuvres, ou bien à des populations qui le reçoivent avec les chefs locaux à leur tête, il ne manque jamais l’occasion de répéter inlassablement sa confiance en la France revenue au niveau des grandes nations, sa confiance dans cette armée française qui reprend la place qu’elle n’aurait jamais dû perdre. Et partout il insuffle autour de lui cette foi en l’avenir qui ne l’a jamais quitté, en incitant chacun à faire consciencieusement ce qu’il doit à la place qu’il occupe.
Et le 28 novembre 1947, au cours du vol aérien qui l’amenait d’Oran à Colomb-Béchar pour une inspection, son avion pris dans un vent de sable, s’écrase au sol et prend feu. Il n’y a pas de survivant. Le Général LECLERC trouve la mort sur cette terre d’Afrique qui avait connu ses premières armes et qu’il avait traversée du Sud au Nord sur le chemin de la Victoire.
Il y a donc exactement cinquante ans que disparaissait le Général LECLERC, le patriote convaincu, le chrétien pratiquant, le rassembleur charismatique, le soldat intrépide, le chef audacieux, le tacticien hors-pair, le fin politique.
Cinq ans après sa disparition, le Parlement vote à l’unanimité la loi qui élève à la dignité de Maréchal de France le Général d’Armée Philippe LECLERC DE HAUTECLOCQUE.
Le Général de Gaulle lui a rendu hommage à plusieurs reprises, en particulier en ces termes : “L’épopée de LECLERC, c’est, pour toujours, une des plus belles pages de notre histoire”. et :
“Enfants de France, rêvez d’être un jour des LECLERC, apprenez ce que vaut une libre volonté française”.
(Colonel Maurice COURDESSES)
Nov. 1997
(Sources : Musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris – Musée Jean Moulin, Mairie de Paris)
LECLERC, CHRÉTIEN ET CHEF DE GUERRE
Au début de juillet 1940, à son Quartier général de St. Stephen’s House, derrière, Scotland Yard, le général de Gaulle reçut la visite d’un jeune officier
en knickerbockers de cycliste et qui, déclinant ses nom et qualité au lieutenant de Courcel, officier d’ordonnance, fut reçu aussitôt.
L’entretien ne dura guère.
Voici le capitaine.de Hauteclocque, dit le général à son aide de camp.
Je le nomme chef d’escadrons.
Vous lui ferez toucher tenues, solde, etc.
Le général de Gaulle pensa d’abord lui confier un bataillon de la Légion;
puis, devant la carte d’Afrique, lui dit :- «Vous vous occuperez de ça. » –
« Ça », c’était l’Afrique Équatoriale.
Études (1948) – Philippe Leclerc de Hauteclocque