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1940
La mission de la Délégation
(Sources : Mémorial Leclerc de Hauteclocque, Musée Jean Moulin, Mairie de Paris)
La mission de la Délégation consiste :
1° A représenter le Général de Gaulle dans toute négociation
qu’il pourrait y avoir lieu d’engager, ou d’accepter, dans toute déclaration qu’il pourrait y avoir lieu de faire, dans toute initiative qu’il pourrait avoir lieu de prendre, en vue d’amener tout ou partie des colonies française d’Afrique occidentale et équatoriale et le Cameroun à se joindre au général De Gaulle pour refuser l’exécution des armistices et continuer la guerre contre les allemands et les italiens.
2° A prendre contact aussi complètement que possible avec les personnalités françaises des colonies, qu’elles aient ou non un mandat officiel.
3° A établir et à maintenir la liaison avec les autorités britanniques de Gambie, Sierra-Leone Gold Coast, Nigéria, et, éventuellement, avec d’autres autorités étrangères.
4° A renseigner le général de Gaulle sur la situation où se trouvent à tous points de vue les Colonies françaises d’Afrique occidentale et équatoriale, et sur les meilleures possibilités d’action dans ces colonies.
II
Dans l’exécution de cette mission commune, le Commandant Leclerc est spécialement chargé de représenter le général De Gaulle auprès du général commandant les troupes britanniques de l’Atlantique sud et de l’Amiral commandant les forces navales britanniques de l’atlantique sud.
Le commandant Leclerc aura donc sa résidence principale à Aldere.
M. Pleven et le Capitaine de Boislambert constituent la partie mobile de 1a Délégation se portant au point qui leur Paraîtront les mieux appropriés pour les contacts qu’ils auront à prendre.
III
Les renseignements téléphoniques sont fournis par la Délégation du Général de Gaulle et lui seront transmis par l’intermédiaire des autorités britanniques.
Les communications télégraphiques du Général de Gaulle à la délégation seront acheminées en principe à celle-ci par l’intermédiaire du Gouverneur britannique du Gold Coast ou par le Général commandant les troupes britanniques de l’Atlantique Sud ou par ces deux autorités en même temps.
1941
Lettre du Général De Gaulle, le 23 mars 1941
(Sources : Mémorial Leclerc de Hauteclocque, Musée Jean Moulin, Mairie de Paris)
Fort Lamy le 23 mars 1941
Mon cher Leclerc,
J’ai pu voir pendant mon court séjour à Fort Lamy ce que les troupes du Tchad, sous vos ordres, sont en train de réaliser et dont les premiers résultats sont apparus à MOURZOUK, à KOUFRA et à KUB-KUB.
Je tiens à vous dire merci et vous prie d’exprimer aux troupes et aux services ma profonde satisfaction.
Croyez, mon cher Leclerc à mes sentiments cordialement dévoués.
DE GAULLE
Lettre au Général De Gaulle, le 3 décembre 1941
(Sources : Mémorial Leclerc de Hauteclocque, Musée Jean Moulin, Mairie de Paris)
Fort-Lamy le 3/12/1941
Le colonel Leclerc, commandant militaire du Tchad
A Mon général
Je pars donc demain pour Largeau prêt à rompre dès que les Anglais m’en donneront l’ordre, ou à revenir ici si leur offensive piétine.
Les officiers de mon état-major vous renseigneront
– sur les moyens mis en oeuvre. Ils vous paraîtront faibles, un millier d’hommes environ, 120 voitures ou Groupement d’opérations. Ils sont encore trop forts en regard des difficultés de ravitaillement
– sur mon intention initiale… Je compte frapper aussi fort que possible sur plusieurs postes italiens nécessairement : Gatroun, Umm el Araneb, Mourzouk, dans le but de :
o de démoraliser et peut-être de prendre un poste
o de faire intervenir les éléments mobiles italiens avec lesquels on s’expliquera.
Les deux adversaires qui peuvent me faire échouer sont une aviation puissante, ou des engins blindés. De toute façon l’objectif sera atteint qui consiste à prouver que la France continue la guerre.
Situation en AFL :
A l’avant tout va bien. Les ombres sont à l’arrière. Depuis le départ du Général de Larminat l’excellent esprit de l’automne dernier tend à disparaître, les rapports entre civils et militaires ne cessent d’empirer. On parle de plus en plus de problèmes économiques, d’urbanisme, et de moins en moins de la guerre, alors qu’elle se rapproche. Le passage de certains de vos auxiliaires immédiats à Brazzaville n’a pas été heureux à ce point de vue. Je vous en parlerai quand j’aurai la joie de vous revoir.
On parle en ce moment de la suppression du Haut Commissariat ce qu ne laisse pas m’inquiéter. Un effort militaire en région désertique comme le nôtre ne peut se développer que si toutes les énergies du pays sont tendues dans ce but, ce qui n’est plus le cas depuis six mois.
Conséquence de cette anarchie en ce qui concerne le Tchad : ma mise en place d’essence prouvée en juin, juillet, août est pratiquement arrêté depuis le début de septembre. Si les camions civils promis ne sont pas lancés dans le circuit je me trouverai en panne à 3000 km de Fort Lamy après un mois environ d’opérations.
Les Général Serres a parfaitement résolu le problème d’approvisionnement en essence par contre, n’assurant qu’un intérim il peut difficilement résoudre celui des transports.
En aviation, les promesses faites à votre passage et au passage du Général Valin n’ont pas été tenues. Je pars avec un Glenn, peut-être deux, capables de bombarder, ce qui semble une plaisanterie. L’absence d’avions sanitaires à grand débit est plus grave encore, deux vieux Potez en tout et pour tout, pendant que nos avions de transport évacuent des permissionnaires sur le trajet Beyrouth Lamy, trajet inutile puisqu’il double une ligne anglaise. Je ne fais là que répéter ce que je dis depuis six mois, mais c’est inutile puisque notre mouvement national de la France Libre comprend, à côté d’hommes de premier ordre, une honnête proportion de fumistes.
Le nouveau matériel auto arrive trop tard pour être utilisé dans les unités de combat. Il sera très utile au transport bien qu’étant entièrement dépourvu de pneus sable.
Les seules armes perçues sont des fusils anti-chars mais sans munitions .
Quelle est dans tout cela la part de responsabilité des fournisseurs anglais et de mon état-major, je l’ignore.
Malgré cette impression pénible au départ d’être mal outillés et mal soutenus, on tâchera de faire pour le mieux. J’espère que vous profiterez de votre passage çà Brazzaville pour remettre à la tête de l’AFL un homme très énergique décidé à faire la guerre ? ce n’est pas de Londres que l’on peut commander une pareille boutique.
Croyez mon général à l’assurance de mon entier et respectueux dévouement.
LECLERC
1942
Lettre au Général De Gaulle, le 22 septembre 1942
(Sources : Mémorial Leclerc de Hauteclocque, Musée Jean Moulin, Mairie de Paris)
LE GENERAL DE GAULLE Brazzaville, le 22 Septembre 1942
Mon cher Général,
J’ai été extrêmement satisfait de mon inspection des forces sous vos ordres.
Je salue leurs drapeaux.
Tant en ce qui concerne les facteurs matériels que la valeur morale, tous les éléments des armées de terre de mer et de l’air qui servent en Afrique Equatoriale et au Cameroun sont, sans aucun doute, prêts à accomplir toutes les missions qui leur seront confiées comme certains d’entre eux l’ont déjà fait glorieusement à Koufra et au Fezzan.
L’ennemi n’a pas fini de connaître ce que vaut l’armée coloniale française.
Je vous prie de transmettre l’expression de mon entière confiance à toutes les forces terrestres, navales et aériennes de l’Afrique Française Libre et à leurs chefs.
Croyez, mon cher Général, à mes sentiments affectueusement dévoués
Monsieur le Général LECLERC,
Commandant Supérieur des Troupes en À.F.L.
Brazzaville
1943
Lettre au Général De Gaulle, le 22 décembre 1943
(Sources : Mémorial Leclerc de Hauteclocque, Musée Jean Moulin, Mairie de Paris)
F. F. L.
21e DIVISION française libre blindée
LE GENERAL
54/C Q.G. le 22 Décembre 1943 4.
MON GENERAL
Je me permets de vous envoyer cette lettre par le Commandant de Guillebon, estimant que le sujet en vaut la peine. J’ai déjà écrit une lettre dans ce sens au Colonel Billotte; peut-être vous l’a-t-il transmise; la gravité du problème s’accroît néanmoins avec le temps.
Il s’agit de l’existence et de l’avenir de la Division dont vous avez bien voulu me donner le commandement il y a 5 mois.
Je crois qu’il n’est pas exagéré de dire que cette Division “représente” quelque chose puisqu’elle groupe beaucoup d’anciens Français Combattants, d’autres arrivés récemment d’Espagne mais ayant en vous une confiance certaine, enfin des unités hier dans l’Armée du Maréchal mais avec lesquelles la fusion s’est bien opérée et qui ont compris ce que nous avons fait.
En créant cette Division, vous avez spécifié qu’elle devait avoir sa place au premier rang des Troupes qui libéreront la France. Tous ont travaillé avec acharnement dans ce but depuis plusieurs mois et les résultats sont bons.
Malheureusement, d’autres hommes semblent estimer qu’il est au contraire nécessaire de reléguer au second rang les anciens Français Combattants : la preuve sera ainsi faite de l’erreur commise en 1940 par ceux qui ont continué la guerre au lieu d’attendre patiemment en Afrique du Nord le moment de reprendre la lutte.
Cette “politique” se traduit à notre égard par deux faits matériels précis:-le refus de nous donner nos canons tandis qu’une autre Division touchait intégrale ment les siens, l’enlèvement de notre Régiment de Chasseurs de Chars alors que d’autres Divisions blindées conservaient également le leur.
Sans ces deux points, la Division serait aujourd’hui prête à entrer en campagne.
Si quelqu’un veut nous empêcher de jouer notre râle dans la guerre de libération, ce sera toujours possible quelles que soient les affirmations, les promesses largement distribuées par ailleurs. Si vous estimez au contraire que mes subordonnés ont le droit de continuer jusqu’à la victoire la lutte qu’ils ont entamée il y a trois ans, vous êtes seul capable de prescrire les mesures nécessaires.
Je vous demande, mon Général, de ne pas voir dans cette lettre la démarche d’un Général en mal de propagande. Je me contente de traduire l’anxiété d’hommes qui ont réellement mérité cette récompense nationale et qui risquent de devenir demain des aigris s’ils se voient trompés.
Je profite de l’occasion qui m’est offerte pour vous exprimer, mon Général, mes voeux très respectueux et vous assurer de mon entier dévouement dans la tâche de libération dont vous portez le poids.
LECLERC